[ . . . ]
[ . . . ]
La critique de Dédé :
Doux ravage
Que fait une psychanalyste à devenir romancière ? Elle marche à côté de ses pompes peut-être ? On se souvient de ses essais remarqués " Entre mère et fille : un ravage " devenu un classique. J'ai beaucoup de copines qui le revendiquent toujours comme livre de chevet.Avant cela, elle s'était bien énervée sur la médicalisation de la procréation, démontrant que l'emprise médicale sur nos désirs d'enfant et sur nos désirs érotiques, annonçait une infertilité rampante (" Malaise dans la procréation ").Et la réédition des érotiques de Georges Bataille, illustrés à l'identique de ceux cachés sous le manteau, disparus depuis cinquante ans chez les rares collectionneurs riches et chanceux dans le monde. Sollers avait réagi !Les lectrices de ELLE ont retenu son " Marilyn, portrait d'une apparition ", somptueuse démonstration du talent de la star, qui a su chercher aux tréfonds de ses moments d'égarements la brillance de son art. L'auteur réhabilite l'artiste Marilyn dans sa singularité et montre à quel point on a eu tort de la traiter en " pauvre fille déprimée, suicidaire, et droguée ".Alors, où est la romancière, je vois plutôt la subversive, l'incorrecte? Elle s'est glissée doucement entre ses essais. Elle dit elle-même que ses romans prolongent les autres, en plus intimes, plus libres et plus poétiques. Donc plus justes ! Comment une psychanalyste peut-elle écrire des romans ? La réponse c'est le roman lui-même, aujourd'hui son troisième, " Mon frère ", décoiffant dans son style sans bavure, sa vitesse. Un retour à la mémoire par l'écriture des joies intenses et des misères de l'enfance : une sorte d'union sacrée avec un frère quasi jumeau que la vie, la maladie et la mort éloigneront d'elle, mais laisseront une trace indélébile de la belle rage lumineuse de l'union enfantine. Vision sur les secrets de l'amour que nous connaissons tous, mais discrètement.La republication simultanée aujourd'hui du " Entre mère et fille : un ravage " à Hachette Pluriel et la sortie de " Mon frère " (Ramsay) permettent de mesurer le pas que fait Marie-Magdeleine Lessana avec le roman. Ce n'est plus la femme douée qui nous apporte son expérience subtile, c'est l'être qui se dévoile dans l'écriture. On s'en imprègne, on est bousculé. La lecture nous laisse hantés. Mais par quoi exactement ? Quand on referme le livre se dégage de cette lecture un sentiment de " familiarité " qui n'est ni nostalgie, ni mélancolie, mais quelque chose qui lie certains êtres entre eux. Je crois qu'il s'agit de ceux qui ont traversé un point de non retour, Pasolini en parlait, ils se reconnaissent sans avoir à se le dire. C'est ça le livre " Mon frère ", cette sorte, rare, d'amour qui réveille.
Philippe David
La critique de Dédé :
Une rencontre imprévue avec un homme " lumineux ", différent, provoque chez la narratrice un flot de sensations venues du fond de l’enfance où s’était nouée pour elle une relation privilégiée avec un frère de deux ans son aîné. Cette évocation, racontée dans une grande urgence sensorielle, nous mène du paradis de " la maison du Sud ", tout de lumière et de bonheur, à la mort du frère, en passant par une progressive séparation forcée, au gré des aléas de la vie familiale et sous le poids d’une éducation stricte dont l’auteur analyse les ravages sans juger.
Un récit court qui aurait pu être écrit l’espace d’une nuit. Une écriture au pas de charge qui s‘apaise à peine à l’évocation de la souffrance et de la mort, où il est sans cesse question de lumière, celle qui aspire, celle qui rayonne, celle qui s’estompe et celle qui s’évanouit.
On en ressort haletant, convaincu par cette brillante démonstration psychanalytique, mais un peu dérouté par ce tourbillon sensoriel qui peine à nous rapprocher de personnages que l’on pressent pourtant riches d’une histoire dont on aurait pu tirer plus.
Le cafar cosmique :
Sommité relative du who’s who germanopratin, Frédéric Castaing est connu en tant que président du syndicat de la librairie ancienne et moderne, antiquaire réputé de la rive gauche, petit-fils de Madeleine Castaing (figure emblématique du petit monde de la décoration et mécène de nombreux artistes), et, pour ce qui nous intéresse vraiment, auteur de deux polars plutôt bien accueillis en série noire en 1994 et 1996. La parution au Diable vauvert de son quatrième roman, après un détour chez Ramsay en 2005, s’affiche donc en soi comme un joli coup pour l’éditeur languedocien.
Aussi, le lecteur méfiant soulève-t-il la première page de Siècle d’enferl e sourcil haussé, de crainte d’y découvrir un faux roman prétexte à un « buzz » de rentrée [...].
Les plumes d'Audrey : Frédéric Castaing, auteur reconnu de deux polars chez Série Noire – Gallimard (“J’épouserai plutôt la mort” et “Ca va? Ca va.”) signe pour cette rentrée littéraire son 4ème roman, au Diable Vauvert, en conservant le fil rouge du roman policier et y mêlant un tout petit peu de science-fiction…
“Siècle d’enfer” se présente comme le journal intime de celui qui se fera appeler Vendredi 13 par la suite, incarcéré à 5 ans dans un camp de redressement et qui en ressort à 22 ans. Après 17 ans passé enfermé, il se retrouve dans un Paris en proie aux émeutes urbaines dans lequel sa réinsertion va devoir se faire coûte que coûte.Vendredi 13, après sa sortie du camp, doit également fuir des individus surgis de son passé et bien décidés à ne pas le laisser en vie maintenant qu’il est hors du camp [...].
Parutions, Lisa Jones :
Une aventure, une histoire d'amour, un roman policier, une critique sociale... Siècle d'enfer inclut tous ces genres. Notre héros sort à vingt-deux ans du camp où il a passé la plupart de son enfance. Enthousiaste, plein d'espoir, prêt à découvrir le monde, il veut devenir écrivain. Mais, traqué inexplicablement depuis sa sortie, il se trouve forcé à fuir ses assaillants, qui sont du genre tenace. Se rebaptisant Vendredi Treize, il aboutit dans une association d'aide sociale où il commence à travailler et rencontre, sous cette nouvelle identité, ses futurs collègues : une fille comme il n'en a jamais vu, et Robert, plus ambigu, paternel et distant à la fois. Poursuivi à travers le roman par ces assassins mystérieux, Vendredi se bât, tombe amoureux et essaie d'écrire son livre, charmant le lecteur, avec les autres personnages, jusqu'à l'euphorie littéraire [...].
La critique de Dédé :