jeudi 14 janvier 2010

"Le silence des abeilles" , Daniel de Roulet




Revue de presse.


Critique de l'Humanité

Daniel de Roulet Un Suisse rebelle
Daniel de Roulet, " Le Silence des abeilles ", Editions Buchet-Chastel, 240 p., 17 euros.
Après un détour par les Etats-Unis et le Japon, Daniel de Roulet revient dans cette Suisse qu’il ne cesse de brocarder. L’écrivain " d’outre-Jura " compose ainsi, depuis " La ligne bleue ", son premier roman en 1995, une manière de grand tableau satirique aux coloris acides et aux traits fortement appuyés.
Le personnage central du " Silence des abeilles " s’appelle Siddhârta Schweitzer. Son géniteur se prénommait Jean-Jacques. D’entrée de jeu, le roman s’affiche sous le signe du clin d’œil et de la dérision. Le garçon, né en 1982 de l’union de deux soixante-huitards, porte la marque de leur attirance pour l’Orient contemplatif, elle-même suscitée par la lecture du " Siddhârta " d’Hermann Hesse. Mais son patronyme de Schweitzer souligne l’appartenance profonde à la Suisse. Quant à Jean-Jacques, il suffira d’indiquer que le livre de Daniel de Roulet se présente comme un roman d’apprentissage, dans le sillage lointain de " L’Emile ". Pour s’adresser au garçon, on avait vite recouru à un diminutif. " Sida ", naturellement. Ce qui n’avait posé aucun problème tant qu’il avait été scolarisé en Suisse alémanique. Quand il était passé dans la partie romande de la Confédération, il avait fallu opter pour " Sid ", moins sujet à ricanements. Ces transformations successives de son prénom préfiguraient de futures radicales voltes-faces. Puisque, tel son homonyme de la légende bouddhiste, Siddhârta s’aventurerait sur les voies les plus opposées avant de se trouver. Ce roman enlevé, qui allie humour et causticité, s’appuie sur des références multiples pour produire son sens.
Voici donc Sid tour à tour agent de sécurité du forum de Davos puis apiculteur écologiste, activiste néo-nazi, enfin chevalier servant d’une Japonaise incarnant le nouveau nomadisme mondialisé. S’essayant en somme à des postures diverses et antagoniques, faute de pouvoir trouver sa place dans l’univers confus qui s’offre à son regard. A chaque fois, c’est aussi un pan de réalité suisse qui se donne à découvrir. Dans des séquences tantôt grinçantes et tantôt brutales. Non content de haïr ses parents et leurs idées vaguement libertaires, Sid était devenu un braillard fasciste et xénophobe. Lorsqu’il s’était lancé dans l’apiculture, il n’avait pas récolté le miel de ses butineuses -trop d’entre elles mouraient, malades ou empoisonnées-, mais il avait fait commerce de leur…venin, qu’il vendait à un laboratoire pharmaceutique. Sid, c’est la tentation permanente du pire. Un mélange de désemparement et d’obstination, de soumission et de révolte. Un homme en déshérence au pays de Derborence, ainsi que l’indique malicieusement Daniel de Roulet. La charge est féroce. Menée tambour battant en énoncés vifs et dépouillées, à la façon des piqûres d’un essaim. S’abandonnant aux délices de la caricature, l’écrivain ne recule jamais devant une possible surcharge.
Face à Sid se présente Ichiyô, une jeune téléphoniste japonaise rencontrée sur une plate-forme d’appels. Elle est la fille d’un kamikaze de la Seconde guerre mondiale qui portait le surnom de Mozart : un personnage du…précédent roman de l’écrivain. Celui-ci trame en effet, depuis le début, une véritable histoire des six dernières décennies. Derrière la critique virulente de la Suisse s’y donne à reconnaître un point de vue guère plus indulgent, sur le monde tel qu’il va. Avec des millions de semblables à Siddhârta, ne sachant trop où porter le dard de leur révolte. Et pour cela, comme lui, s’aventurant au hasard des chemins qui se présentent.


Pourquoi les abeilles dépérissent-elles ? Parce qu'on les empoisonne ? Parce qu'on les prend pour des vaches à miel ou à venin ? Les scientifiques cherchent des réponses.Sid aussi essaie de comprendre. Né au début des années 1980, il ne sait pas trop à quoi se raccrocher, se fiant tour à tour à la sagesse des apiculteurs, à la nostalgie des néonazis, au cynisme du Forum de Davos, à son irrésistible penchant pour une étrange téléphoniste japonaise...Dans un pays sans mer où coulent le miel et le chocolat au lait, sur une planète où les humains ne pourront survivre sans les abeilles, Le Silence des abeilles est le roman d'apprentissage, drôle et grave, d'une certaine jeunesse."- 4e de couverture –


Critique (assez négative de Paper blog)

Il s’agit d’un livre écrit par un suisse qui se déroule essentiellement en Suisse.L’écriture est aussi simple que l’histoire. Siddharta est un jeune garçon quand il commence à s’intéresser aux abeilles. Mais il se destine aux d’abord Beaux-Arts, il y rencontrera une bande de copains avec qui il aura envie de refaire le monde. Malheureusement après l’échec d’une manifestation, Sid déprime. Alors il part aux Etats-Unis, où pris sous l’aile d’un compatriote, il apprend un nouveau métier. Loueur de ruche pour les fermes agricoles. Le périple de Sid ne s’arrête pas là, car bientôt le revoilà revenu en Suisse.
Sid est un garçon perdu qui cherche sans cesse sa place. Il rêve d’abeilles au lieu de rêver de filles. Sa relation avec ses parents est chaotique, c’est peut-être pour cette raison qu’il se sent si bien auprès de l’univers réglé des abeilles. A son retour dans la région de Davos, son appartenance à un groupuscule d’extrême droite est remis en question quand Sid s’interesse de trop près à une japonaise.
Difficile de parler de ce livre, car il ne m’a rien apporté comme émotion. Je n’ai rien ressenti à la lecture de la vie de Sid. Même si on sent que certains passages ont été écrit pour être drôles, je ne me suis pas laissée entrainé par le récit. Daniel de Roulet sait écrire, mais n’a pas réussi à faire vivre Sid pour que je m’attache à lui.
édité chez Buchet Chastel. 2009. 17€


www.paperblog.fr/.../le-silence-des-abeilles-daniel-de-roulet-rentree-litteraire-2009/ -


(Radio Suisse Romande)


Daniel de Roulet ou le regard ironique d'un Suisse en exil
Le ton est ironique, presque narquois, son oeuvre détonne dans le paysage littéraire romand. Daniel de Roulet est-il trop libre ? Trop militant ? Trop curieux ? St-Imier, Genève où il est né ? Un simple hasard.
D'ailleurs, cet architecte de formation partage le destin de la Suisse à distance, depuis son exil français à Frasne-les-Meulières. C'est là qu'il a pris congé de son pays d'origine pour mieux en esquisser le portrait sans concession. Un regard au vitriol d'un romancier qui se fait un point d'honneur à ne pas passer à côté de son époque.

Le livre de Daniel de Roulet, "Le silence des abeilles". [© Buchet et Chastel]
Dans "Le Silence des abeilles", son dernier roman à paraître, il raconte le désarroi de Sid, un jeune suisse sans vraies racines, à la recherche d'un idéal à défendre et qui se fera happer par l'extrême droite avant de tomber amoureux d'une japonaise. Une initiation pour Sid et un clin d'oeil de l'auteur à la mondialité.
Daniel de Roulet ne rêve-t-il pas à haute voie de l'homme post-helvétique ? Lorsque la Suisse se sera doucement et complètement dissoute dans cette mondialité qu'il qualifie de bon côté de la mondialisation. Lorsqu'elle n'existera plus et que ses frontières se seront effacées ! Affaire à suivre !






Critique de François

Ce roman m'est apparu d'une originalité désarmante et j'ai finalement beaucoup apprécié ce livre malgrés les réticences que j'avais au départ. Je ne connaissais rien de l'auteur, Daniel de Roulet, de nationalité suisse, et j'ai trouvé ce récit, qui s'inscrit dans la lignée des romans d'apprentissage cher au dix huitiéme siécle français vraiment trés amusant et trés pertinent sur le tableau et les portraits qu'il dresse à la fois d'une génération (la génération née dans les années 1980 aprés celle des "soixante huitard") et d'un pays, la Suisse , dont il fait une description corrosive et décapante, ce qui nous change de la vision française trop souvent idyllique que l'on a de ce pays. Sans compter le style assez unique en son genre qui use de multiples allusions à des références culturelles contemporaines modernes désormais "classiques" de notre époque, qu'il s'agisse de la culture moderne et post moderne,rock, littéraire ou pictural issu de la publicité, des médias, de la Pop culture ou de la religion (le personnage qui s'appelle Sid sera surnommé Sida, Siddharta,etc..) ... ; d'aprés ce que j'ai saisi d'autres critiques, ce roman s'inscrit en plus comme une piéce, un jalon dans l'ensemble de l'oeuvre de Daniel de Roulet, puisqu'il fait appel a des personnages (dont un certain Mozart par exemple) présents dans d'autres livres...les chapitres sont extrèmements courts, ce qui facilite la lecture et l'on a parfois l'impression de lire une sorte de conte philosophique à la Voltaire mais.... contemporain. C'est aussi par moments un trés beau récit de voyage qui dresse le portrait sans concession de la Suisse d'aujourd'hui et de façon plus générale d'un monde en pleine mutation économiquement et politiquement avec ce que cela comporte de points positifs et négatifs...

En lisant le début de ce livre, qui met en scéne un certain Sid Schweitzer (prénom qu'il tire du chanteur Punk Sid Vicious des Sex Pistols) né en 1982, l'auteur nous présente la vision et l'évolution au fil des vingt dernieres années d'un fils unique révolté un peu perdu et un peu rêveur dont le pére (professeur , soixante huitard à la retraite marié a une ancienne hippie reconvertie dans le new age et la littérature pour la jeunesse) s'appelle Jean Jacques (en référence sans doute à Rousseau, autre suisse et Jean Jacques célébre...) -on apprendra à la fin du roman qu'il n'est d'ailleurs pas le pére, ("peut être pas"...).-La narration est à la troisiéme personne et, la plupart du temps, l'auteur s'en prend surtout à la Suisse dont on découvre au fil des pages que sa fameuse neutralité politique n'est que pure légende...tout n'est pas rose en Suisse en effet si l'on suit le parcours, cette errance complétement chaotique de ce jeune homme qui, aprés une formation à l'école des Beaux Arts de Zurich finit par devenir apiculteur en se passionnant pour les abeilles dont le mode de vie trés organisé et suivant des régles de vie strictes doit lui rappeller son pays avec lequel il a des liens finalement extremements ambivalents, entre attraction et répulsion. Il va beaucoup voyagé dans ce roman , à travers la Suisse d'abord, pour fuir ses parents qu'il supporte de moins en moins, puis , les Etats Unis, où il croit faire fortune dans l'apiculture ;mais un grave accident de la route finit par détruire toutes ses ruches et l'oblige à revenir en Suisse où il met au point une invention permettant de recueillir du venin d'abeille .Tout en continuant son travail de simple apiculteur en Suisse, il rencontre alors Valentine, une standardiste japonaise qui travaille dans le milieu de la téléphonie internationale avec qui il aura une véritable relation amoureuse qui semble dans quelques passages du livre apaiser quelque peu les traits extremements violents et virulents de ce personnage dont les zones d'ombre apparaissent dans la deuxiéme partie du roman beaucoup plus politique...Le personnage principal va en effet rejoindre un groupucule d'extreme droite; ce sont les pages les plus noires et les plus désagréables du livre et le lecteur a du mal à suivre les reélles motivations de Sid qui semble perdu a ce moment la...Il finira par quitter ce groupuscule, epuisé et fatigué pour rejoindre Valentine son amie japonaise (qui, issue de Nagazaki, semble avoir eu une vie familiale mouvementée , un parcours politique et individuel tout aussi perturbé mais l'auteur en dresse hélas un portrait plus modeste que celui de Sid...


La recontre de ces deux errances, de ces deux solitudes (qui semblent subir et jouir dans le même temps de cet individualisme exacerbé qui les caractérisent profondément ainsi que l'ensemble des personnages qu'il croisent) nous permet de les voir évoluer dans l'espace d'une Suisse en pleine mutation malgrés son immobilisme apparent, mais aussi évoluer dans le temps car l'on suit l'évolution du personnage principal au cours des vingt derniéres années... les grands événements mondiaux sont évoqués : l'élection de Mitterand, la chute du mur de Berlin, l'élection de Bush (Pére et Fils),le début de la "mondialisation" en Suisse, le 11 septembre 2001 (ce jour la,le personnage proncipal perd sa virginité), la guerre en Irak, les premiéres manifestations alter mondialistes a Davos...

Enfermés dans leurs solitudes, prisonniers d'une forme d'hyper individualisme presque autistique chez Sid (qui rêve parfois qu'il est une abeille, perdant ainsi son humanité...), les personnages , "abeilles silencieuses" qui gravitent dans un monde en pleine métamorphose vivent et traversent finalement des moments historiques fondamentaux qui les relient malgrés eux à une sorte de communauté invisible qu'ils recherchent sans se l'avouer tout au long de ce récit. C'est aussi l'un des aspect plaisant de ce livre que de rappeller cette importance de l'Evénement ,du fait historique souvent refoulé dans nos sociétés modernes (surtout dans des pays neutres et "Sans histoires" comme la Suisse, le Japon... cf "la fin de l'histoire" du philosophe japonais Fukuyama). Si j'en recommande la lecture, c'est surtout pour ce dernier point car la vision qu'il donne de ces événements historiques trés récents est véritablement drôle et finement analysé avec un ton trés original et trés ironique (qui peut nous faire penser au style de Michel Houellebecq parfois -d'ailleurs,ce roman a beaucoup de points communs avec "les particules élémentaires", le pessimisme facile et le désarroi crypto réactionnaire en moins...) le tout se déroulant dans un pays aussi protégé et neutre que la Suisse, où le lecteur découvre que ,contrairement à l'adage du célébre philosophe de Voltaire dans "Candide", Pangloss ("tout va bien dans le meilleur des mondes") tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes...

mercredi 13 janvier 2010

Les derniers de la rue Ponty de Sérigne M.Gueye



Revue de presse.



Avec "Les Derniers de la rue Ponty", Sérigne M. Gueye, plus connu sous le nom de Disiz, passe de la musique au roman. Et il compose une histoire souvent touchante du Sénégal d'aujourd'hui, qui ne se dévoile totalement que lors d'un final inattendu.
Le héros de ce livre est un ange. Du moins prétend-il être mort. Il débarque au Sénégal, à Dakar, en quête de rédemption. Sa mort, il la doit à un combat qu'il a perdu, et qu'il lui sera peut-être donné de pouvoir connaître à nouveau. Pourtant, en dépit de cette entrée en matière, Les Derniers de la rue Ponty n'est pas un roman fantastique. Il flirte avec les genres mais glisse plus volontiers dans la peinture sociale du Dakar d'aujourd'hui.
Plus français que sénégalais, le rappeur Disiz (couronné en 2006 aux Victoires de la Musique), parle d'un pays qu'il connaît à la fois de l'intérieur et de l'extérieur. Peut-être est-ce pour cela que certains des protagonistes de cette histoire sont précisément des expatriés. Les autres sont des jeunes pas forcément désoeuvrés, mais dont la quête du bonheur s'avère souvent sinueuse, rendue compliquée par les rêves de richesse d'une Europe inaccessible.
On pense parfois en lisant ce livre, à la très belle série de bande dessinée Aya de Yopougon (Gallimard, collection Bayou) de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie, qui s'attache au destin de quelques héros truculents d'un quartier ivoirien. Il y a de la tendresse chez Sérigne M. Gueye pour chacun de ses personnages, même pour ceux qu'il sacrifiera en route. Il y a un regard lucide aussi, sur l'Afrique d'aujourd'hui, et sur la manière dont les grandes compagnies occidentales (les cigarettiers, par exemple) y bâtissent des empires sans scrupules.
Dans ce roman souvent touchant, parfois parcouru par une certaine candeur que d'aucuns apprécieront et d'autres réprouveront, on passe de l'amusement à la description - malheureusement un rien pédagogique - d'une Dakar quotidienne, éloignée des images de cartes postales. On suit pas à pas les destins des personnages sans comprendre comment la toile ainsi tissée prendra sens dans un très beau final. Les Derniers de la Rue Ponty apparaît comme un premier roman sincère et doux-amer. Il est publié par Naïve, qui est aussi la maison de disques de l'auteur.

T. Bellefroid
Les Derniers de la rue Ponty, par Sérigne M. Gueye, éditions Naïve.





Critique par François


Ma critique va sans doute paraître un peu dure mais la vérité est que ce livre m'est réellement tombé des mains au bout de de dix pages et j'ai eu énormément de mal à le finir, je me suis un peu ennuyé, et c'est vraiment dommage car on sent une réelle qualité d'écriture et l'emergence d'un vrai talent littéraire dans ce premier roman...Au début pourtant, on est trés vite (trop vite peut être ) transporté dans un univers féérique, de voyages et de métaphores magiques qui m'ont fait songer à tort ou à raison à l'univers d'un Le Clézio ou semblant faire appel à des références (conscientes ou inconscientes chez le jeune auteur) des contes africains, des griots, où morts et vivants cohabitent et dialoguent dans une sorte de communion surréaliste incantatoire, le tout semblant se dérouler dans une afrique (le Sénégal en l'occurence) oscillant entre réel et imaginaire avec le personnage d'un ange revenu sur terre pour se réhabiliter d'une faute passée. Jusqu'ici tout va bien l'histoire semble bonne et l'atmosphére plaisante et on se dit que l'on va passer un bon moment de lecture.
Pourtant , trés vite , le récit (ce grand conte faudrait-il dire plutôt) finit par se désagréger et perd de sa grâce initiale, apesanti par un style trop lourd, rigide,compact...peut être que d'autres aimeront,mais moi, ça m'a réelement contrarié et empecher de lire et finir ce livre ; du simple lecteur lambda je me transformai sans m'en rendre compte en une sorte de Super Professeur Juge du Style ce qui est trés plaisant au début mais ce n'est pas trop ce que je cherchai au début il faut bien le dire... ; je me suis efforcé de lire la suite mais je n'ai pu que survoler le roman et noter en effet le travail évident sur le style sans parvenir à suivre le fil du récit ; style que l'éditeur dans sa présentation trouve "élégant, classique, et contemporain" mais que je qualifierai pour ma part de scolaire, trop scolaire, avec des blocs de proses brutes .sans saveurs finalement... ; un travail d'orfèvre certes louable mais qui finit par plomber l'atmosphére, le récit, l'histoire, et enfin le lecteur, déçu ... . Sur son blog, Sérigne écrit : que "ce livre est une victoire sur lui, et sur lui même..." on s'en félicite et on est content pour lui , on comprend sa revanche sur le milieu scolaire mais... c'est certes une brillante revanche et une victoire personnelle que la publication de ce premier livre mais elle est difficilement partageable par le lecteur hélas...l'histoire finit par prendre alors un aspect morbide et l'atmosphére magique retombe complétement...le lecteur ne peut que devenir cet ange qui erre dans ce livre comme le personnage principal dans une afrique fantomatique...on pense bien sur avec cet ange au film de Wim Wenders "les ailes du désir" (que je vous incite a regarder d'ailleurs) mais ça s'arréte là...
Passé la curiosité de découvrir le premier livre d'un brillant auteur parolier contemporain, on déchante (c'est le cas de le dire) assez vite et on se retrouve à lire le récit un peu curieux et décalé d'un auteur-narrateur qui évolue dans son propre univers imaginaire, avec ses propres démons et anges (métaphores de ses combats interieurs) , personnels, sans réussir à le faire véritablement partager ce qui est vraiment regrettable je le répéte car, malgrés cette baisse de tension dans le récit on sent un réel talent d'écriture et une vraie passion pour la littérature dont l'auteur veut et peut dignement s'inscrire si il ne sombre dans le maniérisme scolaire et sait libérer son style de façon adéquate ; facile à écrire je sais sur un post de blog évidemment mais qui aime bien châtie bien...

lundi 11 janvier 2010

Alma Brami: Ils l'ont laissée là par Roxy

Alma Brami : Ils l'ont laissée là.




Revue de Presse :

Evene :
par Marine Polselli
Recroquevillée au fond de la petite chambre blanche, Déborah se tait. Les jours s’égrènent à l’identique dans cet institut "spécialisé" où ses parents l’ont placée dans l’espoir que quelque chose, ou quelqu’un, la sauve. [...]


La Livrophile :
Alma Brami réussit à nous raconter une histoire malheureusement banale en la rendant unique et inoubliable. Le roman est très court, mais très dense. Il se lit d’une traite, car on ne peut abandonner cette jeune fille qui crie sa souffrance, dont toutes les pensées (même celles qu’elle tente d’ensoleiller), renferment le désarroi. [...]

La critique de Roxy :

Dans ce roman, Alma Brami a réussit à se glisser dans la peau d’une très jeune fille en pleine souffrance qui s’enferme dans son univers. Pourquoi souffre t-elle ?
C’est là toute l’intrigue de l’histoire.
Ce livre se lit très rapidement du fait que l’information est de plus en plus nette aux yeux du lecteurs.
Au début de l’histoire, un père, une mère et une sœur abandonne une petite fille, un être qui leur est chère dans ce qu’on devine être un hôpital ou un centre psychiatrique. On comprend qu’elle a un problème mais elle n’a pas l’air d’en prendre conscience, elle parle avec des amis que son entourage qualifie d’imaginaire.
Elle nous décrit des scènes qu’on devine être des flash back sur sa vie antérieur, des souvenirs. On se mélange vite entre réalité et fiction. Mais cela n’a absolument rien de désagréable au contraire.
Au commencement les personnages n’ont pas de noms, pas d’identité, même son prénom à elle et son age ne nous sont pas dévoilés. Puis au fur et à mesure de l’histoire les voiles tombent.
Les parent souffrent, la sœur y ait indifférente parfois jalouse et l’individus est toujours présent.
Ce secret qu’elle a enfouit au fond d’elle même, anéantit tous. Ce roman nous apprend à écouter les enfants en détresse, qui ont perdu une partie d’eux même et nous montre a quel point ce secret peut faire souffrir…



jeudi 7 janvier 2010

Trois femmes puissantes de Marie Ndiaye par Lii

Trois femmes puissantes :



Revue de presse :


Evene :
Puissance. Tel est le mot qui suffirait à condenser, à caractériser le génie d'une telle oeuvre. Alliant élégance et douceur du verbe à une exploration presque impudique des introspections, le nouveau roman de Marie Ndiaye fait l'effet d'un véritable coup de poing littéraire. Il y a Norah, Fanta et Khady Demba que la vie a malmenées, ici ou là. [...]

Télérama :
[...]On connaît le grand art de Marie NDiaye, qui consiste, par l'introduction dans la narration de symptômes d'étrangeté (apparitions, métamorphoses...) de plus en plus discrets au fil des livres, à jouer avec les règles du réalisme pour le complexifier, l'intensifier, l'opacifier. Allant jusqu'à en modifier l'essence même, en creusant chaque fois dans la narration des déchi­rures, des béances - qui sont comme des portes d'entrée vers la vie intérieure la plus profonde de ses personnages, ce lieu indicible de l'être où la psychologie est ­obsolète, ce territoire intime, sauvage, archaïque, violent, toxique, où incubent les blessures originelles, où éclosent les pulsions prédatrices. C'est là, en cette dimension secrète et presque intouchable de l'expérience humaine, qu'évolue toujours Marie NDiaye. [...]



Culture et cie :
Marie Ndiaye livre trois figures féminines bien différentes. En leur refus de succomber, de renoncer à leurs projets et désirs, de céder à la déshumanisation latente, réside leur force.Outre cette souterraine robustesse commune aux trois entités, il existe plusieurs fils conducteurs unissant les trois récits. D’une part, l’espace géographique s’avère être concentré sur un axe reliant le continent européen (et plus particulièrement la France) et africain (avec la capitale sénégalaise : Dakar). Pour la première fois, la romancière explore dans ses fictions ses origines paternelles et investit l’imaginaire, les croyances africaines. [...]

Le point :
Un classicisme somptueux. Proust et Faulkner dialoguant sous des cieux africains. Marie NDiaye, prix Femina pour Rosie Carpe , publie un nouveau roman, divisé en trois histoires qui se répondent entre elles et qui oppresse autant qu'il éblouit le lecteur proprement médusé par la beauté de l'écriture. Le livre s'ouvre sur un "Et", comme si l'on n'avait pas quitté cette femme qui n'en a pas fini avec la figure récurrente du père "implacable et terrible".[...]


La fée Paradis :
Je l'avoue, j'ai eu du mal à rentrer dedans alors que je comptais le dévorer pendant ma semaine de vacances. Puis je me suis secouée les puces car il fallait quand même le rendre à la bibliothèque (le passe droit maternel à la bibliothèque du village a ses limites et j'imagine que d'autres lectrices attendaient avec impatience). [...]


La critique de Lii :

Encensée par les critiques, oeuvre ayant reçu le prix Goncourt, "Trois femmes puissantes" de Marie Ndiaye était assurément un des livres phares de la rentrée.

L'histoire :
Comme le titre l'indique, ce livre est une oeuvre puissante qui frappe violemment le lecteur. Le roman n'en est pas vraiment un puisqu'il s'agit en fait d'un ensemble de 3 nouvelles mettant chacune en scène une femme différente. Ces histoires sont liées par un fil ténu et des détails commun, notamment l'Afrique (le Sénégal) et certains personnages.

Dans la première nouvelle nous découvrons Norah, qui s'est battu tout au long de sa vie pour devenir avocate et obtenir sa situation actuelle. Elle se retrouve confrontée en Afrique à son père. Cet être, à la fois présent et irréel, renferme les hantises de son enfance et la femme va, dans une totale remise en question non seulement d'elle-même mais aussi de tout ce qui l'entoure, être amenée à se libérer enfin de cette prison. En surmontant ses craintes et ses démons elle va s'émanciper de ce si lourd regard paternel mais aussi de sa propre façon de se juger elle même : elle va devenir "puissante".

La deuxième nouvelle est vue sous l'angle d'un certain Rudy Descas et nous fait découvrir, dans une série d'évènements se déroulant sur un temps très court, le passé du personnage et de sa femme, Fanta. Pétri d'amertume, de regrets et de honte envers cette femme arrachée à l'Afrique et à ses rêves, l'homme nous livre une longue introspection. Ce n'est qu'a travers ses pensées que nous pouvons découvrir cette deuxième femme, qui semble s'être murée dans un mur de dignité, en laissant son mari loin, très loin, avec ses regrets.



La troisième et dernière nouvelle raconte l'histoire de Khady Demba, jeune africaine, et sa terrible épopée qui doit la conduire en Europe. C'est certainement l'histoire la plus frappante , tant par sa dureté que par sa fin, tragique. Khady Demba n'est pas puissante parce qu'elle le devient mais car est "elle-même". Cette conscience et cette certitude d'être un être humain unique et irremplaçable fait sa très grande force, sa puissance et nous rend admiratif du personnage.

***


Que reste-il de la lecture de ce livre dont on a tant parlé ?
Ce roman est marquant : il nous touche et s'inscrit en profondeur en son lecteur. Grâce à une introspection virtuose et très poussée des personnages, Marie Ndiaye nous fait pénétrer au plus profond de la conscience de ces derniers avec une force déconcertante et c'est finalement dans l'esprit que se déroule les évolutions de "l'histoire".


La première et la dernière nouvelle sont vraiment très marquantes : l'une pour la puissante prise de conscience de Norah et l'autre pour le personnage de Khady Demba, si digne dans sa condition de femme africaine. D'une infinie justesse, Marie Ndiaye livre là deux personnages forts et au profil subtil.


Je reste moins enthousiaste sur la deuxième nouvelle : longue et brumeuse, elle a tendance a être assomante et, si l'évolution de Rudy n'est pas inintéressante, à sembler terne à côté des deux autres. Est-ce voulu ? Pour montrer la différence entre la puissance des 3 femmes et la faiblesse de cet homme ? Honnêtement, je ne sais pas. Toujours est-il qu'il faut par moment s'accrocher sur ce récit inégal, avec des moments incroyables et d'autres lents, mais si lents ....



L'auteur introduit dans ces histoires une teinte quelque peu ésotériques, où on sent l'influence des traditions africaines (dont la signification peut parfois nous échapper d'ailleurs). Grâce à des métaphores répétées (les oiseaux notamment) elle insère dans son récit une touche poétique et un peu surnaturelle qui n'est pas là pour rassurer le lecteur mais qui semble au contraire accentuer le côté incompréhensible de la folie humaine.


Enfin, parlons un peu du style très spécial de Marie Ndiaye. L'auteur écrit bien, c'est indéniable. Rythmée, grave, sa voix est hypnotisante. Néanmoins on peut lui reprocher une tendance à en faire trop et ses phrases-fleuves d'une demie-page sont vraiment décourageantes par moment. C'est d'autant plus déstabilisant qu'elle fait s'alterner des passages fluides et magnifiques à ces véritables tartines de mots. Ce côté élitiste, intellectuel de l'écriture peut en faire reculer plus d'un et c'est bien dommage.

Malgré ce dernier défaut que je pointe du doigt, il ne faudrait surtout pas finir sur un reproche : "Trois femmes puissantes" est un grand livre qui résonne comme un coup de tam-tam et dont on sort sonné. Ce livre et son auteur, sujets à polémique, ne se feront sans doute pas oublier de sitôt et le meilleur moyen d'avoir son propre avis est sans doute de lire cet indéfinissable écrit soi-même.

La critique de Dédé :

Marie Ndiaye est exigeante avec son lecteur, ne lui accorde aucune facilité : ni la structure du récit (énigmatique découpage en trois récits en apparence liés par d'insignifiants repères spatio-temporels), ni le jeu sur les rythmes (longues, parfois interminables introspections lors des épisodes fondateurs ou révélateurs des personnages principaux, puis raccourcis et ellipses aussi audacieux que déconcertants), ni le niveau de la langue (d'une rare virtuosité tant lexicale que syntaxique), ni la force et la violence des évocations ( description sans concession d'une humanité si apte à l'amour et à la monstruosité).

Mais Marie Ndiaye est aussi exigeante avec elle-même, traçant son sillon avec obstination sans la moindre faille, la moindre concession à la facilité, dans l'écriture, la conduite des personnages, le respect du lecteur.

Entre France et Afrique, entre homme et femme, entre bien et mal, entre ombre et lumière, entre réel et imaginaire, elle nous donne à cotôyer trois femmes puissantes d'avoir, avec foi et obstination, fait le chemin qui les a menées de l'autre côté, jusqu'à interroger leur part obscure, quitte à y perdre leurs illusions, leur liberté ou même la vie.

Marie Ndiaye se fait arbre, témoin muet de l'agitation et des turpitudes humaines; elle se fait oiseau, observateur impitoyable mais aussi parfois acteur inquiétant de l'imaginaire humain. Elle se fait femme surtout, passeuse du désir des femmes et de la faiblesse des hommes, ou peut-être de la puissance castratrice des femmes et de l'impuissance des hommes.

Elle est surtout l'honneur de la condition humaine, capable d'exorciser l'horreur par la puissance de la pensée et du verbe.

J'ai lu "Trois femmes puissantes" immédiatement après "Ce que je sais de Vera Candida". J'ai eu la sensation de deux auteurs en quête de la même honnête et exigeante compréhension de la condition faite aux femmes comme aux hommes, de la même rédemption pour l'humanité par la foi en sa capacité à dépasser ses peurs . . . l'une avec humour et légèreté, l'autre avec force et rigueur.

samedi 2 janvier 2010

Le prisonnier d'Anne Plantagenet




























[ . . . ]