mercredi 13 janvier 2010

Les derniers de la rue Ponty de Sérigne M.Gueye



Revue de presse.



Avec "Les Derniers de la rue Ponty", Sérigne M. Gueye, plus connu sous le nom de Disiz, passe de la musique au roman. Et il compose une histoire souvent touchante du Sénégal d'aujourd'hui, qui ne se dévoile totalement que lors d'un final inattendu.
Le héros de ce livre est un ange. Du moins prétend-il être mort. Il débarque au Sénégal, à Dakar, en quête de rédemption. Sa mort, il la doit à un combat qu'il a perdu, et qu'il lui sera peut-être donné de pouvoir connaître à nouveau. Pourtant, en dépit de cette entrée en matière, Les Derniers de la rue Ponty n'est pas un roman fantastique. Il flirte avec les genres mais glisse plus volontiers dans la peinture sociale du Dakar d'aujourd'hui.
Plus français que sénégalais, le rappeur Disiz (couronné en 2006 aux Victoires de la Musique), parle d'un pays qu'il connaît à la fois de l'intérieur et de l'extérieur. Peut-être est-ce pour cela que certains des protagonistes de cette histoire sont précisément des expatriés. Les autres sont des jeunes pas forcément désoeuvrés, mais dont la quête du bonheur s'avère souvent sinueuse, rendue compliquée par les rêves de richesse d'une Europe inaccessible.
On pense parfois en lisant ce livre, à la très belle série de bande dessinée Aya de Yopougon (Gallimard, collection Bayou) de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie, qui s'attache au destin de quelques héros truculents d'un quartier ivoirien. Il y a de la tendresse chez Sérigne M. Gueye pour chacun de ses personnages, même pour ceux qu'il sacrifiera en route. Il y a un regard lucide aussi, sur l'Afrique d'aujourd'hui, et sur la manière dont les grandes compagnies occidentales (les cigarettiers, par exemple) y bâtissent des empires sans scrupules.
Dans ce roman souvent touchant, parfois parcouru par une certaine candeur que d'aucuns apprécieront et d'autres réprouveront, on passe de l'amusement à la description - malheureusement un rien pédagogique - d'une Dakar quotidienne, éloignée des images de cartes postales. On suit pas à pas les destins des personnages sans comprendre comment la toile ainsi tissée prendra sens dans un très beau final. Les Derniers de la Rue Ponty apparaît comme un premier roman sincère et doux-amer. Il est publié par Naïve, qui est aussi la maison de disques de l'auteur.

T. Bellefroid
Les Derniers de la rue Ponty, par Sérigne M. Gueye, éditions Naïve.





Critique par François


Ma critique va sans doute paraître un peu dure mais la vérité est que ce livre m'est réellement tombé des mains au bout de de dix pages et j'ai eu énormément de mal à le finir, je me suis un peu ennuyé, et c'est vraiment dommage car on sent une réelle qualité d'écriture et l'emergence d'un vrai talent littéraire dans ce premier roman...Au début pourtant, on est trés vite (trop vite peut être ) transporté dans un univers féérique, de voyages et de métaphores magiques qui m'ont fait songer à tort ou à raison à l'univers d'un Le Clézio ou semblant faire appel à des références (conscientes ou inconscientes chez le jeune auteur) des contes africains, des griots, où morts et vivants cohabitent et dialoguent dans une sorte de communion surréaliste incantatoire, le tout semblant se dérouler dans une afrique (le Sénégal en l'occurence) oscillant entre réel et imaginaire avec le personnage d'un ange revenu sur terre pour se réhabiliter d'une faute passée. Jusqu'ici tout va bien l'histoire semble bonne et l'atmosphére plaisante et on se dit que l'on va passer un bon moment de lecture.
Pourtant , trés vite , le récit (ce grand conte faudrait-il dire plutôt) finit par se désagréger et perd de sa grâce initiale, apesanti par un style trop lourd, rigide,compact...peut être que d'autres aimeront,mais moi, ça m'a réelement contrarié et empecher de lire et finir ce livre ; du simple lecteur lambda je me transformai sans m'en rendre compte en une sorte de Super Professeur Juge du Style ce qui est trés plaisant au début mais ce n'est pas trop ce que je cherchai au début il faut bien le dire... ; je me suis efforcé de lire la suite mais je n'ai pu que survoler le roman et noter en effet le travail évident sur le style sans parvenir à suivre le fil du récit ; style que l'éditeur dans sa présentation trouve "élégant, classique, et contemporain" mais que je qualifierai pour ma part de scolaire, trop scolaire, avec des blocs de proses brutes .sans saveurs finalement... ; un travail d'orfèvre certes louable mais qui finit par plomber l'atmosphére, le récit, l'histoire, et enfin le lecteur, déçu ... . Sur son blog, Sérigne écrit : que "ce livre est une victoire sur lui, et sur lui même..." on s'en félicite et on est content pour lui , on comprend sa revanche sur le milieu scolaire mais... c'est certes une brillante revanche et une victoire personnelle que la publication de ce premier livre mais elle est difficilement partageable par le lecteur hélas...l'histoire finit par prendre alors un aspect morbide et l'atmosphére magique retombe complétement...le lecteur ne peut que devenir cet ange qui erre dans ce livre comme le personnage principal dans une afrique fantomatique...on pense bien sur avec cet ange au film de Wim Wenders "les ailes du désir" (que je vous incite a regarder d'ailleurs) mais ça s'arréte là...
Passé la curiosité de découvrir le premier livre d'un brillant auteur parolier contemporain, on déchante (c'est le cas de le dire) assez vite et on se retrouve à lire le récit un peu curieux et décalé d'un auteur-narrateur qui évolue dans son propre univers imaginaire, avec ses propres démons et anges (métaphores de ses combats interieurs) , personnels, sans réussir à le faire véritablement partager ce qui est vraiment regrettable je le répéte car, malgrés cette baisse de tension dans le récit on sent un réel talent d'écriture et une vraie passion pour la littérature dont l'auteur veut et peut dignement s'inscrire si il ne sombre dans le maniérisme scolaire et sait libérer son style de façon adéquate ; facile à écrire je sais sur un post de blog évidemment mais qui aime bien châtie bien...

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